CLASSE DE SECONDE

 

 

Le BO :          Hors série n°6 du 29 aout 2002

Le lien :            http://www.education.gouv.fr/bo/2002/hs6/default.htm

 

ENSEIGNEMENTS ARTISTIQUES EN CLASSE DE SECONDE GÉNÉRALE ET TECHNOLOGIQUE

A. du 1-7- 2002. JO du 10-7-2002
NOR : MENE0201543A
RLR : 524-5 ; 524-9
MEN - DESCO A4


Vu code de l'éducation, not. art. L. 311-1 à L. 311-3 et L. 311-5 ainsi que art. L. 121-6 et L. 312-7 ; D. n° 90-179 du 23-2-1990 ; A. du 18-3-1999 mod. ; avis du CNP du 29 -5-2001 ; avis du CSE du 6-6-2002


Article 1 - Les programmes des enseignements de détermination et des enseignements facultatifs en arts plastiques, cinéma -audiovisuel, danse, histoire des arts, musique, théâtre-expression dramatique, en classe de seconde générale et technologique sont fixés conformément à l'annexe du présent arrêté.
Article 2 - Le directeur de l'enseignement scolaire est chargé de l'éxécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 1er juillet 2001
Pour le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche
et par délégation,
Le directeur de l'enseignement scolaire
Jean-Paul de GAUDEMAR

Le Texte  2de:

 

DANSE

I - DÉFINITION

L'enseignement de la danse au lycée se situe au croisement du champ artistique et de l'éducation physique et sportive. Il se propose de fournir à l'élève un ensemble d'acquis élémentaires, pratiques, culturels et méthodologiques pouvant servir de socle à un développement ultérieur :
- dans sa composante pratique, il valorise la dimension poétique du corps, privilégie l'expression artistique du mouvement et implique un rapport constant de la personne au groupe ;
- dans sa composante culturelle, il prend en compte les références patrimoniales et contemporaines en les reliant toujours à la sensibilité, aux compétences et aux motivations des élèves.
L'enseignement de la danse, comme celui des autres arts, implique l'acquisition de savoirs, savoir-faire, méthodes et méthodologies nécessaires à la mise en œuvre des composantes précédentes. Sa mise en oeuvre est assurée par des équipes associant plusieurs enseignants formés à cet effet, relevant de l'éducation physique et sportive et d'autres disciplines, et un partenaire culturel impliqué dans une démarche de création, en concertation éventuelle avec un pôle de ressources identifié.

II - OBJECTIFS

Pour l'ensemble du cursus, l'enseignement de la danse prend appui sur un programme progressif et évolutif concernant les trois niveaux : classes de seconde, de première et terminale. Cette évolution vise deux objectifs :
- acquérir, approfondir, affiner des compétences techniques et théoriques ;
- élargir progressivement l'appréhension de la danse en la nourrissant d'éléments empruntés à d'autres domaines de l'art et de la pensée.
Cette formation permet à l'élève d'explorer la diversité des notions, de découvrir une autre sollicitation du corps que celle mise en œuvre dans l'activité physique et sportive, de la situer en relation avec des références culturelles précises, de tester ses goûts et ses aptitudes et de faire des choix quant à sa poursuite d'études. Cependant, elle ne se propose pas de le préparer à devenir danseur professionnel.

III - PROGRAMME

L'enseignement de la danse s'adressant à des élèves débutants comme à des élèves déjà expérimentés, le programme est conçu pour prendre en considération cette hétérogénéité.

III.1 Les deux composantes fondamentales

Le programme s'organise à partir d'une composante pratique et d'une composante culturelle.

Composante pratique

L'enseignement de la danse conçoit et met en chantier un projet chorégraphique collectif, "ouvrage" plutôt qu' "œuvre", dans lequel l'élève vit une double expérience de "danseur" et de "compositeur" :
- "Danseur", l'élève met en jeu les éléments fondamentaux des mouvements dansés ;
- "Compositeur", il organise le mouvement dans des procédés d'improvisation et de composition (relations entre danseurs, dans l'espace et le temps), en fonction de ses partis pris chorégraphiques et poétiques, du sens qu'il entend leur donner ou des effets qui peuvent en être tirés.

Composante culturelle

L'enseignement de la danse s'attache à découvrir et à questionner des pratiques et des œuvres choisies dans le patrimoine chorégraphique et la création contemporaine, en fonction du projet pédagogique :
danses premières, danses traditionnelles, danses de l'époque baroque, danse classique, danse jazz, formes liées à la danse urbaine, danse "contact-improvisation" issue des arts martiaux et de la danse post-moderne, danses contemporaines relevant essentiellement des courants allemands, américains, français, etc.
L'enseignement de la danse contribue ainsi à faire de l'élève un "spectateur" averti, capable d'observer et d'analyser pratiques et œuvres, de les situer dans leur contexte artistique, technique et historique, de débattre des questions qu'elles posent (partis pris corporels, procédés de composition, relation aux autres arts), de les réinvestir dans son propre travail et de proposer des solutions aux autres.
Cet enseignement lui permet en outre de situer sa pratique personnelle de façon critique par rapport aux représentations en usage dans son environnement scolaire et social.



III.2 Les deux ensembles du programme

Le programme comporte un ensemble commun obligatoire qui concerne essentiellement et un ensemble libre qui se répartissent approximativement entre les trois quarts de l'horaire global pour le premier et un quart pour le second.
III.2.1 L'ensemble commun obligatoire
l'ensemble commun obligatoire comporte deux parties, l'une consacrée à la pratique artistique, l'autre à l'approche culturelle.
A - La pratique artistique
La pratique artistique, composante première de l'enseignement de la danse, prend en compte les constituants du langage chorégraphique : éléments fondamentaux du mouvement dansé, fonctions essentielles, facteurs de base du mouvement, écriture chorégraphique. Ils constituent les notions indispensables pour aborder la pratique artistique et la lecture des œuvres.

Éléments fondamentaux du mouvement dansé.
Poids et transfert de poids :
- qualités tactiles et dynamiques des appuis, création de volumes et d'espaces,
- mobilité de l'axe (déséquilibres-équilibres, variations des états toniques),
- coordination et dissociation, isolation et segmentation,
- rapport au sol comme support du mouvement.
Fonctions essentielles de la danse :
- élans, suspensions, chutes, rebonds, rotations, portés, torsions-flexions.
Facteurs de base du mouvement :
- l'espace : plans, niveaux, orientations, construction de volumes, trajets, lignes de force,
- le temps : vitesse, durée, dynamique, pulsation, phrasé, gestion continue ou discontinue du temps,
- le flux d'énergie : relâchement et mise en tension du corps.


La pratique artistique structure ces éléments dans une syntaxe, une écriture chorégraphique fondée sur l'improvisation et la composition, par exemple : écriture fonctionnelle du mouvement ; écriture aléatoire pouvant être programmée par ordinateur ; écriture fragmentée, sérielle; etc. La pratique artistique conduit à la réalisation d' "objets" chorégraphiques simples (phrases, fragments, unités) mettant en œuvre les notions et les acquis précédents.
B - L'approche culturelle
L'approche culturelle s'appuie le plus souvent possible sur des pratiques et des œuvres contemporaines proches de la sensibilité des élèves (exemple : la danse contact-improvisation de Steve Paxton) ou sur certaines danses ethniques, anciennes et actuelles. Elle s'attache à mettre en évidence l'évolution des langages chorégraphiques avec ses filiations et ses ruptures :
- à travers l'étude d'une oeuvre de la première moitié du XIXème siècle - exemples : le ballet romantique, sources, contexte et esthétique : Giselle (Paris,1841) ;
- à travers l'étude d'un artiste représentatif de la danse contemporaine - exemples : les chorégraphes des années quatre-vingt : D. Bagouet, C. Brumachon, C. Carlson, R.Chopinot, P. Découflé, C. Diverres, O. Duboc, J-C Gallotta, D. Larrieu, M. Marin, M. Monnier, B. Montet, K. Saporta, etc.
Pour ce faire, l'approche culturelle exploite les ressources des programmations locales, des diffusions de spectacles, des manifestations proposées par les structures culturelles proches, des travaux d'artistes en résidence, et, bien évidemment, des festivals nationaux lorsqu'ils sont accessibles.
III.2.2 L'ensemble libre
Respectant les objectifs de formation fixés par les programmes et prenant en compte le niveau et le goût des élèves, les ressources de l'établissement et de l'environnement et, d'une façon générale, le contexte sous toutes ses formes, l'équipe pédagogique dispose librement de cet ensemble, qu'il s'agisse d'une démarche interne à la discipline, d'une ouverture à l'environnement pédagogique et culturel, d'une mise en perspective de l'enseignement proposé au cours de cette première année ou de toute autre question. En conséquence, les items ci-dessous sont donnés à titre d'exemples et d'exemples seulement. Ils n'imposent rien. Ils visent simplement à éclairer le propos.
Dans une démarche interne à la discipline, on pourra notamment :
- revenir en cas de nécessité sur tel ou tel point du programme commun obligatoire qui n'aurait pas été assimilé par l'ensemble des élèves ou par certains d'entre eux ;
- procéder à une mise à niveau de ceux qui n'auraient pu bénéficier jusque là d'une formation suffisante ;
- aborder de nouvelles questions afin de donner une ampleur accrue à l'enseignement tout en soulignant sa cohérence ;
- approfondir les démarches de création en s'appuyant sur les nouvelles technologies et poursuivre une réflexion sur la relation entre technique et arts ;
- engager une réflexion sur le programme de l'année en le situant dans l'ensemble du cursus.
Dans une démarche d'ouverture à l'environnement pédagogique et culturel, on pourra notamment :
- entrer en relation avec les autres domaines artistiques et les autres disciplines enseignées au lycée pour travailler sur des thèmes ou des questions complémentaires qui peuvent donner lieu à des approches croisées et instaurer ainsi une véritable interdisciplinarité conduisant les élèves à mieux percevoir le sens de leurs études.
- consolider les relations entre l'enseignement et la création, l'école et les lieux de vie artistique et culturelle, en utilisant au mieux, de façon continue ou ponctuelle, les ressources offertes par l'environnement et le calendrier des manifestations : institutions, festivals divers, spectacles itinérants, expositions temporaires, rencontres avec des professionnels sur leurs lieux de travail.

IV - ASPECTS MÉTHODOLOGIQUES DE LA MISE EN ŒUVRE

L'enseignement s'organise autour de la pratique artistique, de l'approche culturelle qui la renforce et l'interroge, et des apprentissages que l'une et l'autre requièrent. Il privilégie l'expérimentation, le questionnement, la confrontation, le débat et la pluralité des démarches qui permettent d'aborder de façon diversifiée et ouverte le "fait chorégraphique", considéré dans ses diverses dimensions corporelle, symbolique, sociale et historique.
Dans un premier temps, l'enseignant sensibilise, informe les élèves et leur donne à explorer l'ensemble des notions considérées dans leur diversité, telles qu'elles sont énoncées ci-dessus. Dans un deuxième temps, il opère des choix pour approfondir et développer certaines de ces notions, en fonction de la situation pédagogique qu'il doit gérer (intérêts et niveaux des élèves, qualité de l'environnement culturel, etc). Dans tous les cas, il est attentif à travailler chaque notion selon diverses approches, complémentaires ou contrastées.
Le travail des élèves n'est pas toujours de même nature. Il est plutôt :
- personnel quand chacun travaille sur un dossier documentaire ;
- individuel ou collectif lorsqu'il s'agit de pratiquer la danse, en conduisant une démarche d'élaboration allant de l'expression à l'interprétation, à la transposition ;
- collectif et fondé sur le débat quand il y a rencontre avec le spectacle vivant ou que sont recherchées et étudiées les sources documentaires écrites, iconographiques, cinématographiques, discographiques, multimédias, etc.
L'enseignement de la danse s'enrichit des relations qu'il établit avec les autres disciplines, artistiques ou non, chaque fois que le projet pédagogique l'exige. Ainsi, on peut concevoir un travail avec les lettres (exemple : Giselle et la littérature romantique), une relation avec les arts plastiques et l'histoire des arts lorsqu'ils traitent du patrimoine (exemple : Saint Georges, chorégraphie de R. Chopinot autour des églises romanes), ou encore une collaboration avec le théâtre (exemple : May B., chorégraphie de M. Marin sur Fin de partie de Samuel Beckett).

V - COMPÉTENCES ATTENDUES

À l'issue de la classe de seconde, l'élève aura acquis des compétences d'ordre artistique, culturel, technique, méthodologique, comportemental. En réalité imbriquées, ces compétences, dont le repérage aidera à déterminer des critères d'évaluation, sont distribuées ci-dessous en catégories distinctes, par souci de clarté et d'efficacité.
Le dispositif proposé ne se veut pas "référentiel de compétences". Il vise plutôt à :
- faciliter l'harmonisation des jugements entre formateurs ;
- explorer les différents aspects de l'évaluation et des résultats de l'élève ;
- faire prendre conscience du chemin parcouru ainsi que des objectifs à atteindre.

Compétences artistiques

L'élève est capable :
- comme "danseur", de mettre en œuvre les éléments fondamentaux des mouvements dansés ;
- comme "compositeur", de proposer quelques interprétations en variant le jeu des éléments chorégraphiques et syntaxiques, par l'approche de quelques processus de base - globalité, série, fragmentation, etc. - qui seront développés en classe de première.
Exemples :
À partir d'une même phrase dansée, l'élève fait varier l'un des éléments de la composition, tels que :
- l'espace où évoluent les danseurs (frontalité, diagonale, allers et retours, circulation aléatoire, etc.) ;
- les relations entre danseurs (à l'unisson, en canon, en accumulation, etc.) ;
- la prise en compte du temps (gestion continue ou rendue discontinue par des silences, suspensions, accélérations, accents, etc.) et l'articulation à la musique (mélodie, structure rythmique, etc.).

Compétences culturelles

L'élève est capable :
- de situer quelques œuvres importantes dans leur cadre historique ;
- de connaître certaines notions essentielles, transversales aux danses ;
- de rendre compte de partis pris corporels, de procédés de composition et d'écriture de l'espace et du temps, repérés dans une création d'un chorégraphe et de décrire l'impact de ces références dans ses propres réalisations.
Exemple : les Trois Boléros d'O.Duboc (Premier Boléro)
L'élève identifie les éléments constitutifs de cette œuvre, éléments qu'il a explorés ou utilisés au cours de l'année, tels que :
- les partis pris corporels (fluctuations des corps entre chutes et suspensions) ;
- les relations entre danseurs (les duos se construisent à partir du travail corporel des danseurs) ;
- l'espace chorégraphique (il naît instantanément des directions, niveaux, trajets, lignes de force des mouvements des danseurs) ;
- la relation au temps qui existe dans la dynamique propre à chaque duo, en dialogue avec celle des autres (parfois en tension­opposition, parfois en résonnance-convergence).

Compétences techniques

L'élève est capable :
- de réinterpréter certains acquis corporels dans des improvisations et des compositions personnelles et collectives ;
- de maîtriser deux ou trois éléments techniques relevés dans l'étude d'une ou plusieurs œuvres.
Exemples :
La "giration" déclinée en danse urbaine (la coupole), en danse classique (la pirouette, le tour attitude, le tour arabesque), en danse contemporaine (le tour en l'air, le tour au sol).

Compétences méthodologiques

L'élève est capable :
- de concevoir et d'utiliser un outil simple d'observation, de lecture et d'analyse des pratiques et des œuvres, afin de construire son propre travail ;
- de réinvestir dans sa composition des éléments issus d'autres domaines artistiques ;
- de dissocier dans l'approche d'une œuvre, de documents et de spectacles, les critères objectifs d'analyse (repères et références) des critères subjectifs (sensibilité et intérêts personnels).

Compétences comportementales

L'élève est capable:
- de choisir, de décider, de projeter, de réaliser ;
- de s'insérer dans une équipe et dans un projet collectif ;
- de participer à un débat en considérant l'intérêt de l'autre et en argumentant avec rigueur pour défendre une proposition personnelle.



VI - ÉVALUATION

Assurée par l'équipe pédagogique, l'évaluation se veut, à ce niveau, plutôt formative que sommative. Elle tient compte tant du parcours et de l'engagement pratique et culturel de l'élève que de ses réalisations techniques. Elle s'efforce de mettre en évidence sa capacité à réinvestir ses acquis corporels, culturels et méthodologiques dans des travaux divers : improvisations et compositions collectives.
L'improvisation, exercice récurrent évalué à toutes les étapes significatives du travail, met collectivement en jeu deux ou trois notions abordées au cours de l'année. La composition collective prend appui sur des règles d'écriture "empruntées" à des oeuvres étudiées en cours d'année ou à des pratiques éprouvées. Elle peut constituer un moment festif de la vie de l'établissement.
Dans le cycle terminal, on évaluera l'aptitude de l'élève à identifier un projet personnel, à donner forme à celui-ci, à le maîtriser et à argumenter quant à ses partis pris.