Décembre 2009

NARBONNE

LE JARDIN DES DELICES Blanca LI

  Les propositions faites dans le cadre de cet atelier qui se réfère à la chorégraphie de Blanca Li « Le jardin des délices », sont à mettre en relation avec une contrainte et un parti-pris opéré vis à vis de l’œuvre chorégraphique de référence :

Contrainte : l’atelier, d’une durée de moins de trois heures, doit aboutir à une composition chorégraphique collective de moins de quatre minutes. En relation avec le fait qu’une composition (plus courte encore) est demandée aux élèves dans le cadre d’un Enseignement Artistique danse. Y sont pris en compte les expériences de chorégraphe, danseurs, spectateurs préconisées par les programmes.

Parti-pris : l’atelier s’appuie essentiellement sur l’œuvre chorégraphique de Blanca Li, dans l’interprétation-transposition qu’elle fait du tableau de J. Bosch. Cet appui prend en compte, d’une part, le spectacle chorégraphique de Blanca Li et, d’autre part, ce qu’elle a écrit à propos de son œuvre.

  Ainsi, dans ce qu’a écrit Blanca Li à propos de sa pièce, ont été principalement retenus deux propos : « Je voulais faire naître un ballet de cette œuvre « sacrilège » où l’enfer se mêle au paradis, le plaisir au vice, le satirique à la morale …», et « mélanger l’univers de Bosch au mien et au monde actuel ». En ce qui concerne sa chorégraphie, a été retenu le fait qu’elle se compose (dans son mode d’écriture) sous forme de différents tableaux qui, à la fois, suivent, d’une certaine façon, la logique de lecture du triptyque de J. Bosch (paradis, Jardin des délices, enfer), mais à l’intérieur d’une succession complexe faite de tuilages, de répétitions et de superpositions.

 

  L’atelier se structure, alors, en quatre moments, précédés d’une ‘’mise en disponibilité corporelle’’.

  Les trois premiers moments ont pour objet de faire vivre différentes expériences dansées qui, en relation avec l’œuvre de Blanca Li, doivent se constituer en tant que ‘’répertoire’’ de situations ou de gestes dansés, auquel il deviendra possible de se référer pour composer le moment chorégraphique renvoyant à la quatrième partie de l’atelier (d’autres éléments constitutifs de ce ‘’répertoire’’ restant, bien entendu, possible).

  Premier moment : Créer, en duo, et en contact corporel, un animal imaginaire qui se déplace.

- Individuellement faire une improvisation sous forme de ‘’pyramides montantes et descendantes’’ où le danseur passe par quatre niveaux : allongé au sol, assis, en appui sur quatre, trois ou deux  appuis au sol en excluant celui du bassin, et en appui vertical sur ses pieds.

- Traverser un espace direct (au sens Labanien du terme), en mettant en jeu les quatre niveaux évoqués précédemment.

- Idem, mais dans le cadre d’une rencontre avec des danseurs qui évoluent en sens contraire.

- S’associer à un danseur rencontré pour poursuivre son déplacement.

- Répéter, en duo, avec le danseur rencontré, des modes de déplacements, et les mémoriser.

  Cette proposition est à mettre en relation avec le fait que les ‘’animaux fantastiques’’ que Blanca Li met en scène dans sa chorégraphie sont récurrents. Il traduise, chez elle, à la fois, les idées de prolifération, de grouillement et de tissage entre différents univers (végétal, animal, humain) telle qu’elle les interprète dans le tableau de J. Bosch.

 

  Second moment : Créer une ambiance de dancing ‘’Rock’n roll’’ où les rapports entre les danseurs, des années 50-60, se fondent sur des relations ambigües situées entre plaisir, désir et morale.

- Individuellement ou en duo, faire une improvisation dansée sur une musique caractéristique du ‘’Rock’n roll’’ des années 50-60, aux USA et en Europe. Une musique influencée par la musique jazz.

- Réaliser cette danse dans une relation privilégiée avec un partenaire.

- Changer de partenaire, sans raison apparente, dans l’intention de ‘’prendre place’’ par rapport à un autre partenaire. Un ‘’prendre place’’ qui peut, aussi, se faire avec des danseurs assis sur deux rangées de chaises qui encadrent l’espace de danse.

- Idem, dans la perspective d’aller vers un ‘’épuisement’’ des danseurs, dans leur volonté d’aller jusqu’au bout d’un désir dont la visée utopique se heurte à la réalité du monde.

  Cette proposition est à mettre en relation avec le fait que Blanca Li met en scène, de façon récurrente, l’univers du cabaret, dans sa chorégraphie. L’idée est, ici, de transposer cet univers dans celui des ‘’boîtes de nuits’’ plus proche de celui des adolescents.

  Le choix du ‘’Rock’n roll’’, tient, par ailleurs, en ce que il naît aux USA, au milieu des années 50, où l’on consomme et veut consommer toujours plus. N’importe quoi, du moment qu’on se fait plaisir. Il est lié à une jeunesse assoiffée de liberté et de légèreté ; en réponse à un puritanisme pesant et contraignant. En fait, le ‘’Rock’n roll’’ est à l’image d’un Jerry Lee Lewis qui, ayant grandi dans un milieu très conservateur et religieux, sera toute sa vie, à travers cette musique, partagé entre la tradition, la rébellion, les excès délirants et mortifères (drogue, alcool…). Il traduit, d’une certaine façon, le rapport paradoxal entre tentation-plaisir et monde infernal, tel que cherche à l’exprimer, d’une autre manière, Blanca Li.

  Troisième moment : Composer des petites formes collectives sur le thème de l’enfer

- Individuellement, improviser à partir d’un choix de cinq verbes d’action parmi la liste suivante : Arracher, battre, chuter, déchirer, écraser, frapper, percer, presser, s’affaisser, transpercer, tordre.

- Construire en trio, et par mutualisation, une phrase dansée commune comportant trois propositions de chaque danseur (phrase de neufs éléments).

- Danser cette phrase, à l’unisson, en cascade, etc.

 

  Cette proposition est à mettre en relation avec la partie finale de la chorégraphie de Blanca Li (référence à l’enfer). Dans cette partie apparaissent des moments plus conventionnels, en termes de composition ; danse à l’unisson par plusieurs groupes de danseurs, qui se répondent dans le cadre de décalages, rattrapés, etc.

  Quatrième moment : Composer une grande forme de moins de quatre minutes

- Par groupes de dix danseurs environ, à partir des différentes ‘’matières’’ chorégraphiques constituées lors des trois moments précédents de l’atelier, construire un moment chorégraphique qui articule ces différentes ‘’matières’’.

- Un grand nombre de modes compositionnels sont envisageables : juxtaposition linéaire et/ou superposition, et/ou tuilage, etc.

- Présentation, par chaque groupe, d’un moment chorégraphique témoignant de choix compositionnels différents.

- Echanges, sous forme de discussion entre les groupes.